L’Action de grâce approche! À l’origine, cette fête célébrait l’abondance des récoltes. Aujourd’hui, c’est une occasion de se réunir autour d’un repas copieux. Et la dinde farcie est souvent au menu! Mais avant de se terminer dans votre assiette, cette dinde était protégée par des règles sur le bien-être des animaux d’élevage. Les connaissez-vous?

En 2015, le Québec adopte la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal. Dès les premiers paragraphes de celle-ci, cette loi nomme quelques faits importants, comme :
- L’espèce humaine a une responsabilité individuelle et collective de veiller au bien-être et à la sécurité des animaux.
- L’animal est un être doué de sensibilité ayant des impératifs biologiques.
Ces reconnaissances démontrent que la condition animale et les droits animaliers sont des préoccupations importantes au sein de notre société. Inspirée des libertés fondamentales établies par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), la Loi vise à protéger le bien-être et la sécurité des animaux tout au long de leur vie.
En revanche, toutes ces règles ne s’appliquent pas aux animaux d’élevage.
Une exemption pour l’agriculture
La Loi prévoit plusieurs protections qui s’appliquent aux animaux. Par exemple, les animaux ont droit à :
- l’accès à une quantité suffisante et de qualité convenable d’eau et de nourriture,
- l’occasion de bouger suffisamment,
- des soins nécessaires lorsqu’ils sont blessés, malades ou souffrants,
- l’interdiction des abus et mauvais traitements pouvant affecter leur santé.
Mais ces obligations de soins et l’interdiction de certains actes ne s’appliquent pas dans le cas d’activités d’agriculture, tant que ces activités sont pratiquées « selon les règles généralement reconnues ». Les activités d’agriculture comprennent notamment l’abattage ou l’euthanasie des espèces destinées à la consommation.
Les « règles généralement reconnues »
Alors que sont les « règles généralement reconnues », mentionnées, mais non définies dans la Loi? Pour y voir plus clair, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) renvoie aux codes de pratiques élaborés par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. Ces codes présentent des exigences réglementaires ou imposées par l’industrie de l’agriculture et les pratiques recommandées pour améliorer le bien-être des animaux.
Par exemple, le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des œufs d’incubation, des reproducteurs, des poulets et des dindons couvre des sujets comme le transport des dindonneaux, le logement, l’alimentation et la densité de peuplement des dindons et la protection de la santé des oiseaux.
Il est notamment suggéré que les volailles, comme les dindes de l’Action de grâce, soient manipulées de manière qui minimise le stress ou les blessures. Elles ne doivent pas être portées uniquement par la tête, le cou, une aile, ou les plumes de la queue.
Mais ces codes de pratiques ne sont que des documents de référence. Les recommandations ne créent pas d’obligations légales pour les producteurs.
Des protections tout de même
Si les règles sur les soins et certains actes qui peuvent causer de la détresse ne s’appliquent pas aux animaux d’élevage, la Loi prévoit tout de même d’autres règles qui s’appliquent à tous les animaux, sans exception.
Par exemple, la Loi interdit aux producteurs de transporter un animal qui souffrirait durant le déplacement, notamment en raison d’une infirmité, d’une maladie, d’une blessure ou de la fatigue.
Aussi, les vétérinaires et les agronomes (spécialistes de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’élevage des animaux) qui ont des motifs raisonnables de croire qu’un animal est maltraité ou en détresse doivent en informer le MAPAQ rapidement. À la suite d’un signalement, le MAPAQ peut mandater des personnes, comme des médecins vétérinaires ou des analystes, pour faire des inspections.
La loi et les codes de pratique fixent donc des conditions afin que votre dinde de l’Action de grâce ait certaines protections avant de se retrouver dans votre assiette.