Meurtre de Charlie Kirk: pouvez-vous perdre votre emploi pour des propos tenus sur les réseaux sociaux?

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Depuis le meurtre du militant conservateur Charlie Kirk sur un campus de l’Utah le 10 septembre dernier, des dizaines d’Américaines et d’Américains ont perdu leur emploi pour des propos tenus sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Fonctionnaires, artistes et personnalités médiatiques ont dû faire face à des suspensions ou des congédiements pour s’être réjouis de la mort du militant pro-Trump, avoir blagué sur le sujet ou encore, avoir affirmé qu’il était indirectement responsable de son propre meurtre. De tels congédiements et suspensions sont-ils possibles au Québec? 

Une personne exprime son mécontentement dans un mégaphone, ce qui génère des émoticônes en colère.

À notre connaissance, il n’y a pas eu de congédiements à proprement parler. Toutefois, certaines personnes au pays ont bel et bien été suspendues de leur travail à la suite de propos tenus au sujet du meurtre de Charlie Kirk. Or, une suspension ne peut être que temporaire. Pourriez-vous perdre carrément votre emploi pour ce que vous écrivez ou dites sur les réseaux sociaux? 

Oui, ce genre de congédiements a déjà eu lieu au Québec. D’autres sanctions sont également possibles. 

Réputation de votre employeur 

Comme personne employée, vous avez droit à la liberté d’expression, mais vous devez aussi respecter votre employeur et l’aider à protéger sa réputation.  

Si vous tenez des propos en public (notamment sur les réseaux sociaux ou dans les médias) qui nuisent à la réputation de votre employeur ou qui sont diffamatoires et provocateurs, vous pourriez recevoir un blâme, être suspendu temporairement, voire perdre votre emploi. Bien que leur portée légale n’ait pas été démontrée devant les tribunaux, des sanctions sont possibles même si vos propos sont sans lien direct avec votre travail, comme l’ont rapporté les médias à la suite de l’attentat au Métropolis en 2012. 

L’attentat au Métropolis 

4 septembre 2012. Pauline Marois célèbre son élection comme première ministre du Québec devant une foule de partisanes et partisans réunie au Métropolis, une salle de spectacle située à Montréal. Brusquement, son discours, télédiffusé à travers tout le Québec, est interrompu. Un homme armé a ouvert le feu vers l’entrée des artistes, atteignant deux techniciens, dont l’un meurt sur le coup. 

Les réactions à cet attentat politique ne se font pas attendre. Cependant, certaines d’entre elles, au lieu de condamner cette attaque, déplorent le fait que le tueur ait raté sa cible : la première ministre du Québec. 

C’est le cas d’un employé d’un studio de jeu vidéo de Montréal qui, dès le lendemain de l’attentat, est congédié par son employeur pour ses propos sur Facebook. 

De telles déclarations peuvent également entraîner des conséquences professionnelles bien des années plus tard. Embauché en janvier 2023 comme entraîneur pour le CF Montréal, Sandro Grande a rapidement été remplacé face au tollé que sa nomination a provoqué aux yeux de celles et ceux qui se rappelaient ses propos sur Twitter après l’attentat au Métropolis.  

Tournez vos pouces sept fois avant d’écrire sur les réseaux sociaux 

Une suspension ou un congédiement peuvent être liés à un règlement interne de l’entreprise qui vous emploie. Il est donc important de bien lire ces règlements et les avoir en tête lorsque vous donnez votre opinion sur les réseaux sociaux. 

En cas de congédiement, vous pouvez contester la décision de votre employeur si, par exemple :  

  • La publication relève de votre vie privée.  
  • Vous n’avez ni mentionné ni impliqué votre employeur dans la publication.  
  • Vous avez retiré la publication après avoir constaté les réactions qu’elles suscitaient.

Pas seulement les personnes employées 

Il n’est pas nécessaire d’être à l’emploi d’une entreprise pour subir des conséquences professionnelles pour des propos tenus sur les réseaux sociaux. Si vous êtes membre d’un ordre professionnel, vous vous exposez également à des sanctions. Par exemple, un cardiologue du Grand Montréal a été condamné en mars 2024 par le Collège des médecins à payer 25 000 $ d’amende pour avoir appelé sur les réseaux sociaux à un « grand nettoyage » de Gaza.  

Les entrepreneurs ne sont pas non plus à l’abri. Toujours en 2024, une franchisée de Second Cup a perdu son entreprise après avoir été filmée en train de faire un salut nazi lors d’une manifestation propalestinienne à Montréal en 2024. Indiquant avoir « une tolérance zéro envers les discours haineux », l’entreprise a fermé les deux cafés de la franchisée et a résilié son contrat de franchise.  

Le saviez-vous? Les ordres professionnels existent essentiellement pour protéger le public et recevoir des plaintes si leurs membres donnent de mauvais conseils ou de fausses informations. Ils peuvent ordonner le paiement d’une amende ou même retirer le droit de pratiquer à leurs membres.