La première journée d’école approche. Vous vous préparez à immortaliser cette journée en images et à partager votre fierté sur les réseaux sociaux. Mais savez-vous que le partage de vidéos et de photos de vos enfants sur Internet est une pratique risquée? Surexposez-vous votre enfant sans le savoir?

Ce qu’on appelle le surpartage parental est une pratique qui consiste à publier souvent et en grand nombre des images de ses enfants ou de ses petits-enfants sur les réseaux sociaux. Certains parents en font même leur gagne-pain. Le Québec n’a pas de loi qui encadre le surpartage parental comme c’est maintenant le cas en France et dans l’État de l’Illinois aux États-Unis. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de règles à respecter.
Les enfants aussi ont un droit à l’image
L’enfant, comme toute personne, a droit au respect de son image. Que ce soit une photo ou une vidéo, dans une story ou un reel, vous ne pouvez pas publier une image où un enfant est reconnaissable sans en avoir l’autorisation. Ce serait considéré comme une atteinte à son droit à l’image et à sa vie privée. Mettre un émoji sur le visage de votre enfant ou le « flouter » n’est pas suffisant en soi pour protéger sa vie privée. La même règle s’applique pour publier la photo d’une ou un adulte.
Mais il y a des exceptions. Par exemple, si l’enfant ou l’adulte est à l’arrière-plan devant un monument historique comme le Château Frontenac ou si l’image a été produite lors d’un événement public, comme lors d’un festival.
Agir dans l’intérêt de votre enfant
Avant ses 18 ans, c’est habituellement le parent qui donne cette autorisation de publier une image à la place de l’enfant. Lorsque vous publiez vous-même une image de votre enfant sur les réseaux sociaux, vous donnez implicitement votre accord au nom de l’enfant.
Lorsque vous donnez votre autorisation, vous devez toujours favoriser les intérêts de votre enfant. Cela signifie qu’avant de publier une image de votre enfant sur les réseaux sociaux, vous devez considérer les conséquences sur sa vie privée, sa sécurité et son bien-être, notamment en fonction de ses caractéristiques personnelles, ses besoins, son âge ou son caractère.
Publier une photo ou une vidéo peut avoir des conséquences importantes sur votre enfant, par exemple si elle affecte sa réputation, sa dignité ou son estime de soi. Prises hors contexte, des images de son quotidien pourraient l’exposer au ridicule et à la cyberintimidation. En vieillissant, votre enfant pourrait aussi ressentir un malaise face à des images qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
De plus, les images peuvent être facilement manipulées par des cyberprédatrices et cyberprédateurs même si elles sont partagées en privé. Par exemple, elles peuvent servir à créer du contenu pédopornographique avec l’intelligence artificielle.
Mémo avant de publier vos souvenirs
Vous souhaitez partager des images de vos enfants sur vos réseaux sociaux, mais vous ne savez pas à quoi porter attention? Voici quelques éléments à considérer avant de publier :
- Respectez la vie privée et l’intimité de votre enfant. En cas de doute, publiez des photos où on ne peut pas l’identifier ou le reconnaître.
- Évitez de publier des photos de votre enfant nu ou peu vêtu. Cela pourrait être un crime. Les images peuvent aussi être utilisées et truquées par des cybercriminelles et cybercriminels.
- Prenez en considération l’opinion et la personnalité de votre enfant. À partir d’un certain âge, assurez-vous de son consentement. Par exemple, mettez-vous d’accord sur le type de publication, le choix de l’auditoire (page publique ou groupe privé, par exemple) et sur la fréquence de celles-ci. La réputation, ça commence jeune!
- Assurez-vous aussi d’avoir l’accord de l’autre parent avant de publier. Dans un jugement récent, un tribunal a décidé que le droit de partager des images de ses enfants sur les réseaux sociaux pouvait être limité en cas de désaccord avec l’autre parent.
- Prévenez vos proches de vos préférences concertant le partage d’images de vos enfants sur Internet.