Encore de beaux jours pour le « true crime » en balado

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Le true crime est un genre très populaire en littérature, au cinéma et à la télévision, mais également dans le monde du balado. Autopsie d’un genre parfois sinistre, mais ô combien intrigant!

Le true crime (ou documentaire criminel en français) vise à dépeindre des crimes qui ont réellement eu lieu. Certaines productions relatent ces histoires le plus fidèlement possible, d’autres y injectent une dose de fiction, flirtant ainsi davantage avec la docufiction.

Si le genre est né aux États-Unis, des artisanes et artisans québécois se sont lancés dans l’aventure depuis quelques années. C’est le cas de Stéphane Berthomet, un ex-policier qui produit, réalise et anime des balados, tels que Redoutables et Contre-enquête.

La loi et l’ordre

Bien que le true crime aborde des questions juridiques, la démarche de Stéphane Berthomet est avant tout journalistique et documentaire, précise-t-il d’entrée de jeu au micro de l’émission Angle Droit à l’antenne de CIBL 101,5.

« J’ai fait des balados d’enquête documentaire, j’ai fait des balados qui sont des récits, raconte l’ex-policier. Suivant le type de balado, j’entre plus ou moins profondément dans le domaine de la loi et de la justice. »

La popularité du documentaire criminel s’explique-t-elle parce qu’il permet de combattre nos peurs et/ou par notre fascination pour la mort? L’ex-policier ne saurait le dire, mais il constate que ce genre est aux États-Unis le 2e ou le 3e à détenir les meilleures cotes d’écoute dans le monde du balado.

« [Le système de justice] a un impact réel sur la société : on condamne ou on protège des gens. Souvent, le balado apporte de l’information et aide à mieux comprendre cet univers. »

Plus concret

Comparativement à la télévision, Stéphane Berthomet considère que le balado apporte quelque chose de plus concret quand il est question de raconter des histoires criminelles.

Il semble d’ailleurs que cet aspect concret du documentaire criminel expliquerait pourquoi plus de femmes que d’hommes seraient attirées par ce genre. En effet, selon une étude de l’Illinois Wesleyan University, 77 % des femmes seraient plus portées à choisir des livres abordant de vrais crimes plutôt qu’un autre type de romans violent.

Une professeure de sociologie à l’Université de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, Kathleen Rodgers, s’est également intéressée à la fascination du public féminin pour les balados de true crime. En analysant des forums portant sur le sujet, la chercheuse a constaté que beaucoup de femmes mettent l’accent sur la sécurité personnelle, partageant entre elles des conseils sur les lieux et les situations à éviter.

Cet intérêt du public féminin pour le true crime ne se dément pas, confirme Stéphane Berthomet, quoique la disparité ne serait pas si grande, affirmant qu’environ 60 % de l’auditoire de ce type de balado est composé de femmes.

« De plus, le balado [tout genre confondu] est en général très apprécié du public féminin, donc il faut être prudent avec les statistiques », ajoute-t-il.

Made in Québec

Le documentaire criminel au Québec n’est pas le même que celui qui se produit en France ou aux États-Unis, soutient Stéphane Berthomet.

« C’est un peu des deux, d’une certaine façon, mais ce n’est pas la grosse enquête à gros déploiements comme aux États-Unis ou le podcast à la française qui est parfois très axé sur [des réalités sociales] qui n’ont pas été traitées dans les grands médias, explique l’ex-policier. [Au Québec], ce sont surtout des podcasts indépendants, produits par des passionnés. »

Le balado criminel s’est développé de manière très organique au Québec et connaît un gros succès, dit-il, donnant l’exemple de la production indépendante Captives qui a dépassé les 1,5 million d’écoutes.