Pour la diminution de la violence armée à Montréal

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On apprenait le 19 février que la ligne RENFORT, un service de soutien téléphonique gratuit et confidentiel pour les familles montréalaises vivant des inquiétudes liées à la violence armée, avait reçu 89 appels en six mois, soit moins de quatre appels par semaine.

Doit-on comprendre que ce service est sous-utilisé, comme le laisse sous-entendre l’article de La Presse qui a dévoilé ces chiffres?

« 89 appels en six mois, c’est un chiffre intéressant. Pas alarmant, pas inquiétant », soutient au micro d’Angle Droit, Roselyne Mavungu, la directrice du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), l’organisme responsable de la gestion de la ligne RENFORT.

Lorsqu’on l’interroge sur l’utilité de ce service, Roselyne Mavungu explique qu’il s’inscrit dans une démarche de « responsabilité partagée », puisque les communautés et les parents doivent s’impliquer si on veut réduire la réalité de la violence armée dans les rues de Montréal.

« Pour un enjeu tel que [la violence armée], il faut bâtir un rapport de confiance », évoque-t-elle, ajoutant que les familles et les parents ont besoin de savoir qui est derrière la ligne et quelle est l’approche utilisée, afin de s’assurer qu’il y a une écoute bienveillante.

Au-delà de l’accompagnement individuel proposé par la ligne téléphonique, la directrice précise que des groupes de soutien sont offerts à la population par le CPVRM « où les familles peuvent rencontrer des personnes qui ont un proche dans un parcours de violence et partager des pratiques aidantes pour s’assurer que les jeunes ne sombrent pas [dans la violence armée]. »

Un nouveau mandat

Roselyne Mavungu rappelle que la violence armée s’est ajoutée au mandat du CPRMV qui a été créé à l’origine en mars 2015 afin de faire de la « prévention de l’extrémisme violent et des actes à caractère haineux ».

Selon la définition disponible sur le site du Gouvernement du Canada, un crime haineux est une infraction criminelle motivée par une haine à l’égard d’un groupe social particulier (par exemple ethnique, linguistique, religieux, ou encore, sexuel). Les crimes haineux peuvent cibler des symboles (comme un lieu de culte), des personnes ou des groupes de personnes.

« On est dans deux sphères de violence totalement distinctes. Quand on parle de radicalisation, il y a un facteur dont il faut prendre conscience, c’est le facteur idéologique », explique la directrice du CPVRM, en précisant que « la radicalisation en elle-même n’est pas quelque chose de négatif ».

« C’est lorsqu’on est dans une radicalisation qui mène à la violence qu’il y a un enjeu », dit-elle. Une radicalisation où la violence est utilisée pour inciter à « une transformation sociale », tandis que dans le cas de violence armée, il n’y a pas de motivation idéologique, soutient Roselyne Mavungu.

« Quand on parle de violence armée, on est soit dans la banalisation de la violence ou dans la glorification des armes », ajoute-t-elle.

Pour joindre la ligne RENFORT, composez le 514-653-6363, entre 8h et 20h la semaine, et 9h et 17h les samedis et lors des jours fériés.

En diminution

Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la violence armée a diminué de 26 % dans la métropole dans la dernière année. Du côté des homicides, la réduction est de 20 %.

En 2023, un total de 33 homicides a été signalé sur l’île de Montréal, incluant les sept personnes décédées lors d’un incendie criminel d’un immeuble du Vieux-Montréal. En comparaison, on dénombrait 41 homicides en 2022.

En revanche, les crimes contre la personne et contre la propriété ont augmenté de 11 % en 2023, selon des données préliminaires du SPVM.