« Urbex » ou exploration urbaine : une pratique risquée

Décryptage
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Le 11 avril dernier, une adolescente de 15 ans a perdu la vie en explorant le site d’une usine désaffectée de Shawinigan, pourtant interdit d’accès. Ce genre de lieux – bâtiments désaffectés, toits d’édifices, canalisations – sont des endroits appréciés par les adeptes d’exploration urbaine. Aussi appelée « urbex », cette pratique ne date pas d’hier et consiste à s’aventurer dans des lieux abandonnés, interdits ou difficiles d’accès. Plusieurs adeptes d’exploration urbaine prennent de plus des photos et vidéos des lieux explorés et les partagent en ligne. Attention, les urbexeuses et urbexeurs, même les plus prudents et expérimentés, s’exposent à des conséquences légales, mais surtout à des risques élevés de blessures sérieuses, voire mortelles. 

Contrairement à ce que l’on peut penser, les lieux abandonnés ont des propriétaires. Visiter un site ou un bâtiment sans l’autorisation des propriétaires, c’est interdit par la loi.  

D’une part, une urbexeuse ou un urbexeur peut être responsable d’une faute civile.  

C’est une faute civile de ne pas respecter le droit à la vie privée des gens (par exemple, en entrant dans leur propriété ou en y prenant des objets sans leur autorisation). C’est aussi une faute civile d’endommager les immeubles ou objets d’une autre personne. 

Une urbexeuse ou un urbexeur qui cause des dommages par sa faute civile peut devoir payer des dommages-intérêts et des dommages punitifs aux propriétaires. 

Possibles condamnations au criminel 

D’autre part, l’urbex peut mener à des condamnations au criminel, en particulier pour les crimes d’introduction par effraction, de méfait et de vol

Tout d’abord, une personne peut être coupable d’introduction par effraction lorsqu’elle entre dans un lieu sans l’autorisation des propriétaires et qu’elle a l’intention d’y commettre crime ou qu’elle y commet un crime. Attention, c’est à la personne accusée de ce crime de prouver au tribunal qu’elle n’avait pas l’intention de commettre un acte criminel dans le lieu exploré. 

Les adeptes d’exploration urbaine peuvent aussi être coupables de méfait si les immeubles ou les objets qui s’y trouvent sont endommagés lors de leur exploration. 

De plus, une personne peut être coupable de vol lorsqu’elle prend un objet qui se trouve dans le lieu exploré et dont elle n’est pas la propriétaire. 

Une personne reconnue coupable de ces crimes peut être condamnée à une peine qui va de l’amende à l’emprisonnement. Pour une personne mineure condamnée au criminel, le tribunal peut imposer une peine pour adolescents, comme des travaux communautaires. 

Les règles de la communauté urbex 

La communauté urbex a aussi ses propres règles et recommandations.

La communauté urbex met en garde que l’exploration urbaine est dangereuse. Elle recommande de suivre des conseils de sécurité, comme ne pas faire de l’exploration urbaine en solo et toujours apporter son téléphone, une trousse de secours et une lampe de poche.  

En plus de la prudence et de la vigilance, l’une des règles les plus importantes pour les adeptes d’exploration urbaine est de respecter les lieux explorés. Concrètement, ça veut dire : 

  • ne pas forcer l’entrée, 
  • ne rien déplacer, briser ou voler, 
  • ne pas diffuser le nom ou l’adresse des lieux, 
  • ne pas visiter les lieux en grand groupe. 

L’objectif de ces règles et conseils est d’encourager les adeptes d’exploration urbaine à pratiquer leur passion de la façon la plus éthique et sécuritaire possible.