« Lorsqu’il y a des questions qui font débat dans la société, la responsabilité des élus est de s’ouvrir au dialogue », soutient l’ex-députée du Parti québécois, Véronique Hivon, en entrevue à l’émission Angle Droit. Ce principe du dialogue social, l’avocate l’a appliqué tout au long de sa carrière politique, entre autres dans le cadre de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité qu’elle a initiée en 2009.
À la recherche d’un consensus
Quand un sujet sensible fait débat dans la société, il ne faut pas mettre le couvercle sur la marmite, réitère Véronique Hivon, sinon on risque d’accroître l’ébullition et les débordements. « L’idée est de donner un forum, un cadre pour que les gens aient le sentiment que leur voix est entendue et qu’on puisse en débattre. »
Cela ne signifie pas pour autant que ces démarches mèneront à un consensus et à un changement législatif, mais ce dialogue social est nécessaire, selon l’ex-politicienne.
Véronique Hivon donne l’exemple des changements qui ont été proposés après l’adoption de la Loi concernant les soins de fin de vie et son volet portant sur l’aide médicale à mourir.
« On a eu des débats pour la demande anticipée pour une personne qui va éventuellement perdre son aptitude comme celle atteinte de la maladie d’Alzheimer, raconte la juriste. On a conclu que ce serait une bonne idée d’une manière très exceptionnelle et encadrée de permettre cette possibilité. Par ailleurs, il y a d’autres cas qui ont été considérés, comme celui des troubles mentaux. Un comité et la ministre actuelle ont conclu qu’il y avait encore trop de questions et que le consensus n’était pas assez fort pour rouvrir [la loi]. »
La chance de la débutante
Lorsque Véronique Hivon se remémore toutes les démarches qui ont mené à l’adoption de la Loi concernant les soins de fin de vie, elle dit parfois à la blague qu’elle a « bénéficié de la chance du débutant ».
« J’avais moins d’un an de vie politique quand j’ai déposé la fameuse motion pour créer la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. J’avais des preuves à faire, c’est certain. Il y avait des sceptiques, pas juste parce que j’étais une nouvelle venue, mais parce que je valorisais une nouvelle approche. »
Convaincue qu’il fallait faire confiance à « l’intelligence collective » et que la population en général souhaitait « qu’on regarde cette question de la fin de vie et de l’aide médicale à mourir », Véronique Hivon s’est engagée dans ce combat afin que le politique assume son rôle. « J’étais venue en politique pour justement montrer que quand il y a des enjeux et des débats sensibles qui se pointent, notre rôle est de les affronter. Ce n’est pas d’attendre que les tribunaux viennent trancher devant des élus qui restent les deux pieds figés dans le ciment. »
L’importance de l’accessibilité à la justice
Membre du conseil d’administration d’Éducaloi depuis mars 2023, Véronique Hivon a à cœur depuis longtemps l’accessibilité à la justice, elle qui a été entre autres porte-parole de l’opposition officielle en matière de justice. Elle ne pouvait donc pas refuser la main tendue d’Éducaloi.
« Pour moi, Éducaloi est l’organisme phare pour faciliter la compréhension juridique et pour faire une différence dans cette éducation citoyenne au droit. Quand j’étais députée, il n’y avait pas une semaine où je ne recommandais pas aux citoyens de consulter le site d’Éducaloi. Je suis très heureuse dans ma vie post-politique de pouvoir contribuer à ce formidable organisme. Éducaloi comble un vide à cet égard de manière extraordinairement efficace. »