Un nouveau programme en droit en Outaouais

Entrevues
Partager
Imprimer

Jusqu’à tout récemment, la dernière fois qu’un baccalauréat en droit avait été créé au Québec remontait aux années 1970. Ce n’est plus le cas depuis l’automne 2023, puisqu’un nouveau programme en droit a été lancé à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Une « aberration »

C’est le département des sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui avait vu le jour à l’époque, explique en entrevue à Angle Droit la professeure et directrice du département de droit de l’UQO, Julie Bourgault. « Il y a 50 ans tout juste, précise la professeure. On trouve que c’est un joli signe l’ouverture du programme à l’UQO l’année où l’UQAM fête ses 50 ans ».

L’UQAM a été créée en 1969 par le gouvernement du Québec, dans le contexte d’une réforme du système d’éducation québécois amorcée quelques années plus tôt et afin d’accroître l’accès aux études universitaires. Deux ans plus tard, le vice-recteur René Hurtubise recrute le professeur Robert Bureau pour mettre sur pied le Département des sciences juridiques et le programme de baccalauréat en sciences juridiques.

Lorsque le gouvernement du Québec a annoncé la création du baccalauréat en droit en juin 2022, la rectrice de l’UQO, Murielle Laberge, a déclaré que cela permettrait de mettre fin à « une aberration ». En effet, jusqu’alors, le droit civil – pratiqué seulement au Québec – était enseigné dans le secteur uniquement à l’Université d’Ottawa, en Ontario.

« Le droit civil, c’est plus un droit qui est écrit, qui est codifié, tandis que la common law tire davantage sa source des précédents des tribunaux », indique Julie Bourgault, ajoutant que ce sont pour des raisons historiques que la Québec est la seule province où les rapports privés sont encadrés par le droit civil, puisque c’est un héritage de ses racines avec la France.

Une nouvelle approche

En plus d’élargir l’offre au Québec pour ce type d’études, le programme de l’UQO propose une nouvelle approche pédagogique pour enseigner le droit, soutient la professeure et directrice du module de droit au département de droit de l’UQO, Adeline Audrerie, toujours au micro d’Angle Droit.

« Le programme de droit de l’UQO se distingue de plusieurs manières, mentionne Adeline Audrerie. Il intègre et privilégie à la fois une approche programme, une approche par compétences et une pédagogie active. »

Cela permet entre autres de traiter globalement dans le programme de certains principes fondateurs, comme la défense du droit fondamental de l’égalité ou encore, les enjeux liés à l’accès à la justice.

« On cherche à développer pas seulement des connaissances théoriques, mais aussi des compétences fondamentales, des savoir-être et des savoir-faire chez nos étudiants, ajoute Adeline Audrerie. Ce sont des compétences qui permettent aux juristes d’acquérir une pleine conscience de leur rôle et du rôle du droit dans la société. »

L’une des compétences incontournables du programme? La vulgarisation du droit.

« Parmi les compétences qui ont été ciblées par le programme, on retrouve le fait de pouvoir communiquer avec clarté et de vulgariser les concepts juridiques et les règles de droit, confirme Julie Bourgault. On souhaite que les juristes qui seront formés à l’UQO soient conscients du manque de lisibilité du droit. »

Une clinique juridique

Le développement des compétences des étudiantes et étudiants pourra également se réaliser par l’implication dans une clinique juridique universitaire actuellement en préparation et qui devrait voir le jour à l’automne 2025

« Lorsque les étudiants vont arriver à leur troisième année en baccalauréat, ils pourront s’investir – de manière volontaire – au sein de la clinique, explique Adeline Audrerie. L’objectif est double. Il est premièrement pédagogique pour permettre à ces étudiants d’appliquer les savoirs qu’ils ont acquis dans leur formation; de rencontrer des personnes qui vivent des problématiques juridiques; de savoir identifier leurs besoins. »

Des besoins qui vont parfois au-delà du droit, évoque la professeure. Le deuxième objectif est davantage social, puisque la création de cette clinique juridique favorisera l’accès à la justice et sera offerte à la communauté.