Le liquidateur (autrefois appelé « exécuteur testamentaire ») est la personne qui se charge de régler la succession d’un défunt. Le processus qu’entreprend le liquidateur se nomme la liquidation d’une succession ou le «règlement d’une succession». Pour ce faire, le liquidateur doit alors fermer les comptes, déclarer les impôts, récupérer les sommes dues, faire l’inventaire des biens et des dettes, distribuer les biens aux héritiers, etc.
Qui peut être liquidateur?
Le liquidateur doit être majeur. Il ne doit pas être inapte. Un mineur marié ou pleinement émancipé par une décision du tribunal pourrait aussi, en théorie, agir comme liquidateur.
Le notaire qui a rédigé le testament peut agir comme liquidateur de la succession au décès de la personne, à condition cependant de le faire gratuitement.
Moyennant des honoraires, plusieurs professionnels (notaires, avocats, comptables, etc.) offrent aussi des services de liquidateur. Une société d’épargne ou une société de fiducie enregistrée auprès de l’Autorité des marchés financiers (c’est-à-dire la plupart des institutions financières et des compagnies de placements) peut aussi être nommée liquidateur.
Il faut souligner qu’un liquidateur peut parfaitement avoir recours aux services de ces professionnels ou de ces sociétés pour l’aider à régler la succession, sans nécessairement qu’ils soient nommés liquidateurs.
Comment le liquidateur est-il choisi?
Le liquidateur peut être nommé dans le testament de la personne décédée. Par exemple, « je nomme ma fille Shannon liquidatrice de ma succession ».
Si le testament ne contient pas de nomination ou si le défunt n’a pas fait de testament, les héritiers sont automatiquement liquidateurs. Dans ce cas, les héritiers peuvent désigner un liquidateur par un vote à la majorité des voix.
Peut-il y avoir plus d’un liquidateur?
Oui. Le testament peut prévoir la nomination de plusieurs liquidateurs. Si tel est le cas, il indique généralement comment seront prises les décisions. Par exemple, un liquidateur peut être responsable de la dimension « terrain » de la liquidation (régler les funérailles, trouver les documents, etc.), alors qu’un autre, « un liquidateur professionnel », peut s’occuper des questions plus épineuses (comme les biens, les dettes et les impôts). Si rien n’est prévu à quant aux tâches et à la façon de prendre des décisions, les liquidateurs doivent agir ensemble et à l’unanimité.
S’il n’y a pas de testament ou si le testament ne prévoit pas la nomination d’un liquidateur, les héritiers sont liquidateurs. Ils doivent alors se partager les responsabilités. Les héritiers peuvent nommer l’un d’entre eux, par un vote majoritaire, comme le seul liquidateur. Ils peuvent aussi désigner toute autre personne pour occuper cette fonction (ex. : notaire, avocat, comptable, etc.). En cas de désaccord, ils peuvent demander au tribunal de désigner le liquidateur.
Je suis nommé liquidateur. Suis-je obligé d’accepter?
Non. La personne choisie par le défunt n’est pas obligée d’accepter la charge de liquidateur. Si vous ne désirez pas être liquidateur, vous devrez faire connaître votre décision à vos coliquidateurs ou à votre remplaçant (si un remplaçant est prévu dans le testament). Si vous êtes le seul liquidateur et un remplaçant n’a pas été prévu, ce sera aux héritiers de nommer votre remplaçant, à la majorité. Ils pourront s’adresser au tribunal en cas de désaccord.
Une exception existe cependant : si vous êtes le seul héritier vous devez accepter la charge de liquidateur.
Sachez toutefois que vous pouvez confier un mandat de liquidation de succession à un notaire ou un avocat. Celui-ci vous consultera à toutes les étapes et vous tiendra au courant de l’évolution du dossier.
Quels sont les pouvoirs et les obligations du liquidateur?
Les pouvoirs du liquidateur sont ceux décrits dans le testament. Si rien de spécifique n’y est prévu, le liquidateur devra administrer les biens de la succession jusqu’à ce qu’ils soient remis aux héritiers. Cependant, le liquidateur ne pourra vendre des biens que dans des cas précis. Par exemple, il pourra vendre des biens avec l’accord unanime des héritiers, si les biens sont trop coûteux à conserver, s’ils perdent de la valeur ou s’ils sont périssables.
La loi impose des obligations au liquidateur pour assurer le bon déroulement de la liquidation. Le liquidateur devra agir avec prudence et diligence, honnêteté et loyauté et ne pas se placer en conflit d’intérêts. Ainsi, si le liquidateur prend des décisions déraisonnables, n’administre pas adéquatement la succession ou cache certaines informations, tout intéressé (ex. : un coliquidateur ou un membre de la famille) pourra s’adresser au tribunal pour le remplacer et obtenir compensation pour les torts qu’il a subis.
Un liquidateur peut-il déléguer certaines tâches?
Oui. Il peut déléguer une tâche précise à une autre personne. Dans ce cas, le liquidateur devra signer un mandat pour autoriser la personne à agir en tant que liquidateur. Le liquidateur peut déléguer des tâches à ses proches ou à des professionnels. Par exemple, Christine ne peut pas se présenter à l’heure fixée par le notaire pour la vente de la maison de son père. Elle peut alors signer un mandat à son conjoint pour la représenter lors de la vente.
Puis-je démissionner de ma charge de liquidateur?
Oui. Vous pouvez démissionner de votre charge de liquidateur à n’importe quelle étape de la liquidation. Cependant, vous ne pouvez démissionner si vous êtes l’unique héritier.
S’il y a un testament, il faut respecter la procédure de démission qui y est mentionnée. S’il n’y a pas de testament ou si le testament n’indique pas comment démissionner, il faut aviser les héritiers de votre décision par écrit.
Ainsi, peu importe le type de démission, vous devez rendre compte de votre gestion aux héritiers pour la période où vous avez agi à titre de liquidateur. De plus, vous devez éviter de démissionner à un moment crucial de la liquidation qui pourrait compromettre le processus.
Si la charge de liquidateur vous semble trop lourde, avez-vous pensé à mandater un notaire ou un avocat? Ce professionnel du droit peut vous aider dans le processus de liquidation. Ces honoraires professionnels peuvent être payés à même l’argent de la succession.
Le liquidateur a-t-il le droit d’être payé?
Oui. Il a le droit d’être payé pour les heures de travail qu’il investit à la liquidation de la succession. Toutefois, s’il est aussi héritier, il ne sera payé que si c’est prévu dans le testament ou que si les autres héritiers sont d’accord. Si les héritiers n’arrivent pas à décider ce sera au tribunal de trancher.
Évidemment, le liquidateur n’a pas à payer de sa poche les montants nécessaires au règlement de la succession. Ainsi, les honoraires professionnels et les frais liés à la succession (ex. : inscription au Registre des droits personnels et réels mobiliers, déplacements, frais de recherche testamentaire, etc.) devront lui être remboursés à même la succession. Néanmoins, ces dépenses doivent être raisonnables, le liquidateur ne doit pas en abuser.
Mon frère habite à l’étranger. Puis-je quand même le nommer liquidateur?
Oui, mais ce choix peut entraîner des conséquences fiscales importantes. C’est le liquidateur qui a le « contrôle » des biens de la succession. Par conséquent, s’il réside en dehors du Canada, Revenu Québec et l’Agence du Revenu du Canada considèrent qu’il s’agit d’une succession « étrangère »… et elle sera donc imposée beaucoup plus lourdement.
Pour réduire l’impôt, il est donc préférable de s’assurer qu’au moins un des liquidateurs est domicilié au Canada et que la liquidation s’y déroule pour la plus grande partie.
Saviez-vous que?
En principe, les contrats conclus par la personne décédée continuent d’exister. Le liquidateur et les héritiers doivent lire les contrats et s’informer auprès de la personne ou de l’entreprise avec laquelle la personne décédée avait conclu le contrat pour savoir comment y mettre fin. Ce sera le cas, par exemple, pour un contrat de services (téléphone, Internet, électricité, etc.), un bail, un contrat de location ou un prêt hypothécaire. Cela fait partie des démarches nécessaires pour régler complètement la succession. N’hésitez pas à demander conseil à un notaire ou un avocat.